« Bien évidemment, la science évolue. Qui serait tenté d’adopter un traitement en cancérologie provenant des années 60 en comparaison avec un traitement développé récemment ? »[1]
Depuis sa conception, la plupart des programmes ABA concernant l’autisme sont issus du modèle de Lovaas des années 60. Heureusement, les pratiques évoluent dans tous les domaines scientifiques et il en est de même en analyse appliquée du comportement.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, une nouvelle approche a émergé des bases de l’apprentissage de l’ABA. Elle découle des recherches de Skinner dans son livre Verbal Behavior[2]. Ce livre fut ignoré durant des décennies, sans doute parce qu’il est très compliqué. Ce ne fut que lorsque le Docteur Jack Michael et l’étudiant en doctorat de philosophie, Mark Sundberg, commencèrent à s’en servir pour apprendre le langage aux enfants touchés par toutes sortes de troubles du développement que l’on prit enfin conscience des applications possibles.
Ce fut en 1998, avec la publication des trois livres de Sundberg et Partington que les parents manifestèrent leur intérêt pour cette approche dont l’ouvrage majeur est « Teaching language to children with autism or over development disabilities »[3]. Cependant, c’est le plus populaire des trois livres « Assessment of Basic Language and Learning Skills »[4] plus communément appelé ABLLS qui retient toutes les attentions. Ce fût la naissance de l’ABA/VB (Verbal Behavior). Car l’ABLLS est à la fois un programme, une grille d’évaluation et un formulaire pour répertorier des données. Je vous parlerai plus longuement de cet outil qu’est l’ABLLS dans le chapitre « Evaluer et établir un curriculum de l’enfant » car il s’agit de l’ouvrage que mon centre de stage « Les Jacinthes » a pris comme outil pour réaliser les évaluations et les programmes de ses enfants. C’est d’ailleurs l’approche ABA/VB qui y est pratiquée.
Avec l’ABA/VB, l’accent est mis sur des domaines primordiaux dans le développement humain tels que la communication, les interactions sociales, le langage et le jeu. Il est alors distingué comme une forme d’ABA basé sur la communication avec un objectif d’apprentissage en milieu naturel (NET = Natural environment teaching). L’objectif est de travailler sur des activités fonctionnelles pour que tous les apprentissages aient du sens pour le participant et ne soient pas seulement une liste de compétences à acquérir pour « entrer dans une norme ». Dans le Verbal Behavior la priorité d’intervention est l’acquisition des éléments du langage par le versant expressif contrairement à Lovaas qui cherche à développer le versant réceptif. On apprend à l’enfant à exprimer des affects et faire des demandes sur des objets désirés ou bien des activités sans qu’on les lui impose ou qu’on les devine. On cherche donc à donner à l’enfant des moyens de communication alternatifs comme le langage des signes, le PECS…. Et contrairement à la méthode Lovaas, l’enfant n’est pas soumis à un apprentissage intensif avec un minimum de 40 h par semaine. L’ABA/VB se base sur le temps de travail préconisé par l’éducation nationale avec 25h par semaine sur un ratio de 20% d’apprentissage pour 80% de maintien. Mais, puisque le parent est considéré comme co-thérapeute, les apprentissages se poursuivent à domicile (voir chapitre sur la guidance parentale).
[1] (RIVIERE, 2006) p.31
[2] (SKINNER, 1957)
[3] (SUNDBERG, M. & PARTINGTON, J., 1998)
[4] (PARTINGTON, J. & SUNDBERG, M., 1998)
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