Les limitations au niveau de la communication sociale et les comportements stéréotypés, répétitifs ainsi que les intérêts particuliers forment le noyau de l’autisme. Ceci peut se manifester de différentes façon et avec une intensité variable. Ce qui signifie que les personnes avec autisme peuvent être très différentes les unes des autres.
C’est pourquoi les termes ‘trouble du spectre de l’autisme’ sont désormais utilisés, pour rendre compte des diverses formes que peut prendre ce trouble.
Le trouble du spectre de l’autisme est un trouble du développement. Cela ne signifie pas que les enfants ou adultes avec autisme ne peuvent évoluer. Il a été démontré qu’ils peuvent apprendre de nombreuses choses. Les manifestations du trouble peuvent varier aussi bien de nature que d’intensité au cours du développement ainsi qu’à l’âge adulte.
Dans la 5ème édition du DSM, le trouble du spectre de l’autisme comprend 2 catégories de symptômes :
- déficits de la communication et des interactions sociales ;
- caractère restreint et répétitif des comportements, intérêts ou activités.
Afin de donner une description détaillée de ces caractéristiques, nous présentons séparément les difficultés de communication et des interactions sociales.
Deux personnes qui ont de l’autisme ne sont jamais semblables. Certaines sont indifférentes aux personnes qui les entourent et sont donc souvent isolées. D’autres prennent peu d’initiative pour établir un contact, mais se laissent néanmoins approcher. D’autres encore sont, au contraire, très actives socialement, mais leur relation avec autrui est qualifiée d’étrange.
Ces difficultés se manifestent dès le plus jeune âge. Dès le berceau, certains enfants présentant de l’autisme éprouvent déjà des difficultés à établir le contact visuel. Ils ne tendent pas leurs bras vers leurs parents pour être pris à bras et se raidissent quand ceux-ci le font. D’autres sont des bébés ‘faciles’ qui peuvent rester des heures couchés dans leur lit à regarder la lumière danser sur le plafond, sans signifier leurs besoins ou attentes.

Ces enfants ont un visage peu expressif, ils font peu de mimiques ou de gestes pour essayer d’entrer en contact. Ils ont des difficultés à établir des relations avec les autres. Un manque de réciprocité dans la relation sociale semble être l’élément clé du problème. Ces enfants ‘utiliseront’ plutôt les adultes en prenant par exemple leur poignet et en guidant leur main vers l’objet qu’ils souhaitent avoir. C’est la raison pour laquelle les parents ont souvent l’impression qu’ils sont des ‘outils’ au service de leurs enfants.
Nous savons maintenant que différentes caractéristiques cognitives ou sensorielles des personnes avec autisme affectent leurs relations sociales (ainsi, l’hyper ou l’hyposensibilité, les troubles de la cohérence centrale et les problèmes de théorie de l’esprit).
La communication sociale
Dans l’autisme, c’est d’abord le processus de communication qui est perturbé, mais aussi les moyens de communication ou la manière dont on communique.
Environ 25% de l’ensemble des personnes avec autisme ne parlent pas ou ont un langage très limité. Toutefois, lorsque le langage est présent, il n’est pas souvent utilisé pour réellement communiquer. Ces personnes manifestent nombre de particularités ou problèmes, comme l’écholalie : elles répètent des sons, des mots ou des phrases qu’elles ont par exemple entendus dans un dessin animé. Elles confondent les pronoms personnels (‘tu’ à la place de ‘je’) ou sont obsédées par un sujet. On dit souvent que ces personnes communiquent unilatéralement : elles ne cherchent pas ou n’attendent pas de réponse en retour quand elles parlent. Leur compréhension du langage est elle aussi particulière. Elles prennent souvent le langage au pied de la lettre.

Les personnes présentant de l’autisme qui ne parlent pas ne compensent malheureusement pas ou que de manière limitée ce manque par d’autres moyens non verbaux de communication (mimiques, gestes, objets, etc.).
Quand ces personnes développent le langage ou des moyens de communication alternatifs (comme par exemple les images), nous devons prêter attention à ces difficultés de communication. Ainsi, nous devons, par exemple, leur apprendre à attirer d’abord l’attention quand elles veulent communiquer car elles ne le feront pas toujours de manière intuitive.
Les comportements restreints et répétitifs

Les personnes avec autisme fonctionnent souvent d’une manière très rigide et ont la plupart du temps des intérêts limités. Cela peut prendre la forme notamment de stéréotypies motrices (comme tourner sur soi-même ou se balancer), de préoccupations répétitives, de routines dans le temps (faire les choses dans un certain ordre) ou dans l’espace (par exemple, toujours prendre le même chemin pour atteindre une destination donnée). Ces personnes éprouvent un besoin de répétition et sont résistantes aux changements.
Certains enfants avec autisme peuvent passer des heures à ranger des objets dans un ordre déterminé. Chaque changement peut être source d’angoisse et de confusion. Ces enfants ont souvent leur propre manière de jouer. Ils n’utilisent pas forcément un jeu ou un objet de manière habituelle. On parle alors de jeu non fonctionnel.
Ces enfants peuvent aussi être très attachés aux choses qui, pour nous, ont peu de valeur : des ficelles, des morceaux de papier, etc. Les personnes les plus douées peuvent développer une passion pour certains sujets, comme les voitures ou les horaires de trains. Ces stéréotypies ou ces intérêts particuliers peuvent limiter leur contact avec le monde environnant. Par contre, elles permettent de s’assurer une structure et de retrouver les choses que l’on connaît.
Les particularités sensorielles
Ressentir, entendre, voir différemment
De nombreux adultes présentant de l’autisme et parents d’un enfant avec autisme décrivent des expériences sensorielles particulières. Certaines sensations sont ressenties comme agréables et d’autres comme dérangeantes.
Nos sens
Quand on parle de sens, on pense immédiatement aux 5 sens
externes : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. Il existe cependant encore deux autres sens internes : le sens de l’équilibre et la proprioception. Nos organes de l’équilibre détectent les rotations ou les mouvements circulaires du corps dans toutes les directions et ont de ce fait, un grand effet sur la sensation d’équilibre et de mouvement. Nous avons des cellules sensorielles internes qui nous donnent des informations sur notre posture et sur les mouvements que nous faisons avec notre corps ou certaines de ses parties : c’est ce que l’on appelle la proprioception.
Les sens des personnes avec autisme
Les personnes avec autisme ont les mêmes sens que les autres mais elles peuvent vivre des expériences sensorielles différentes. De plus, ces expériences diffèrent beaucoup d’une personne à l’autre.
Hypersensible ou hyposensible ?
L’hypersensibilité et l’hyposensibilité sont souvent présentes chez les personnes avec autisme. Une personne hypersensible réagira de manière excessive aux stimuli sensoriels ‘ordinaires’. Celle qui est hyposensible réagira peu ou pas du tout aux stimuli. Cette sensibilité peut toucher différents sens. Il est également possible que l’hyper et l’hyposensibilité s’alternent et que cette fluctuation ne touche qu’un seul sens.
L’hypersensibilité peut mener à deux types d’expériences différentes :
- la confusion provoquée par certains stimuli sensoriels;
- la fascination causée par certains stimuli.
Dans certains cas, parler de confusion comme conséquence à l’hypersensibilité est un terme faible. Un sifflotement peut, par exemple, être pénible pour une personne avec autisme. Il est, par conséquent, facile de comprendre que l’hypersensibilité puisse provoquer des crises de colère ou des réactions très angoissantes.
L’hyper et l’hyposensibilité peuvent concerner tous les sens et varier d’une personne à l’autre. Voici quelques exemples de comportements qui indiquent certaines sensibilités sensorielles :
Sens | Hypersensible | Hyposensible |
Vue | Ne supporter aucune lumière vive | Être très attiré par les objets brillants |
Ouïe | Se couvrir les oreilles quand les gens parlent entre eux |
Aimer le bruit des sirènes |
Toucher | Ne pas aimer être touché | Être ou paraître insensible à la douleur |
Odorat | Ne pas vouloir manger un aliment parce que l’odeur est ressentie comme insupportable | Aimer les odeurs fortes et désagréables |
Goût | Sélectionner la nourriture | Ingurgiter des choses non comestibles ou au goût très prononcé |
Sens de l’équilibre | Assis en hauteur, être angoissé de ne pas sentir ses pieds toucher le sol | Tournoyer longtemps sans être pris de vertige |
Proprioception | Adopter des postures corporelles étranges | Ne pas être conscient de certains signes corporels comme la soif |
Pas de filtre ?
Dans les récits autobiographiques de personnes avec autisme, nous trouvons la plupart du temps la même explication aux expériences sensorielles. Elles ont l’impression de ne pouvoir contenir les stimuli de leur environnement. Autrement dit : le filtre capable de réprimer certains stimuli dans leur cerveau semble ne pas fonctionner correctement.
Quand notre cerveau ne fait aucune sélection par rapport à ce que nous observons, cela peut avoir toutes sortes de conséquences, par exemple :
- être plus vite surchargé et fatigué ;
- ressentir le monde comme très chaotique ;
- voir des détails que les autres ne remarquent pas ;
- remarquer immédiatement des changements dans l’environnement ;
- ne plus reconnaître l’environnement parce qu’un détail a changé ;
- ne pas pouvoir suivre une conversation parce que le bruit de fond ne peut être ‘éliminé’.
Un fonctionnement singulier

que les autres s’en aillent.

Ce n’est pas parce que les aptitudes sociales et la communication sont perturbées qu’elles sont absentes. C’est la qualité du contact social qui est touchée et, parallèlement, la qualité de la communication. Elles sont donc bien présentes mais qualifiées de particulières ou déviantes.
Prenons par exemple le contact visuel. L’idée répandue est que les enfants avec autisme ne regardent pas leur interlocuteur. Pourtant certains enfants vous transpercent de leur regard ou vous regardent fixement dans les yeux. Vous ne pouvez donc pas dire qu’il n’y a jamais de contact visuel, mais il est cependant « étrange ». Un autre exemple: pour établir le contact avec quelqu’un d’autre, vous pouvez l’interpeller. Certaines personnes avec autisme le feront en demandant « Quelle est ta taille ? ». Vous ne pouvez donc pas dire qu’il n’y a pas de communication, mais celle-ci est « déviante » ou « bizarre ».
C’est précisément le caractère particulier des relations sociales et de la communication que l’on va examiner pour voir s’il est question de trouble envahissant du développement.
Les difficultés se situent aussi bien sur le plan expressif (l’expression) que sur le plan réceptif (la compréhension). Les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme éprouvent des difficultés à établir le contact avec autrui ou à s’exprimer, mais il leur est tout aussi difficile de comprendre les relations sociales et la communication des autres à leur encontre. Elles auront, par exemple, autant de difficultés à tendre la main, afin de demander de l’aide pour se relever, que de comprendre le même geste avec les mêmes intentions de la part de leur maman ou de leur papa. Cette difficulté à comprendre concerne tant les sentiments des autres que leurs propres émotions, pensées ou intentions. On parle alors de « cécité mentale ».
Enfin, les intérêts, même s’ils sont restreints, peuvent pourtant varier très fort d’une personne à une autre tant en ce qui concerne les comportements moteurs stéréotypés que les routines ou les intérêts plus cognitifs. Ces intérêts peuvent également varier au cours de la vie. Une personne peut ainsi passer de comportements moteurs stéréotypés (battement des mains) dans son enfance, à des intérêts cognitifs (focalisation sur la météo).
Sources :