Définition
Littéralement :
- To pair (en anglais) = associer
- Pairing = association
Le « Pairing » est un processus dynamique qui permet de créer un lien positif entre l’enfant avec autisme et « quelque chose ». Ce « quelque chose » peut être des personnes, des lieux, du matériel mais permet aussi de créer de nouveaux renforçateurs.
Dans le cadre d’une intervention en analyse appliquée du comportement, il est obligatoire de passer par cette phase appelée « Pairing », entre quinze jours et un mois, avant toute prise en charge. Cette étape initiale permet d’apprendre à connaître l’enfant et d’établir avec lui une relation. Ce premier mois va ainsi servir à souligner et à identifier le renforcement à utiliser et la manière de s’en servir. Par la suite, il est aussi utilisé avant toute intervention d’apprentissage pour que l’enfant soit motivé et content de travailler avec la personne qui l’accompagne. Ceci permet de créer de bonnes conditions de travail, c’est la raison pour laquelle, en ABA, beaucoup de temps est consacré à la mise en place et au maintien du pairing.
Lorsque nous parlons de pairing avec des enfants avec autisme, nous faisons état du processus d’association entre un stimulus appétitif (un renforçateur) et un stimulus neutre (un nouvel éducateur). L’objectif principal du pairing est de permettre à l’enfant d’associer un nouvel intervenant et sa voix à des événements positifs et de passer de statut de stimulus neutre a un statut de renforçateur conditionné. En d’autres mots, il faut que la nouvelle personne, qui a priori n’est pas très attrayante pour l’enfant, devienne intéressante et donc un agent renforçant. L’enfant doit voir cet adulte comme « une tablette de chocolat ». Par la suite, si le pairing est fonctionnel, l’éducateur deviendra le « maître des renforçateurs » et l’enfant se dira « avec lui, c’est chouette, il a toujours des trucs sympas pour moi ». Lorsque ce lien positif et de confiance est créé, petit-à-petit, nous allons pouvoir introduire, des contraintes, de la nouveauté, des efforts…
Cette étape de pairing sert aussi à apprendre à l’enfant avec autisme la valeur sociale. C’est lui montrer qu’il y a des gains à être avec autrui et que les interactions sociales peuvent être intéressantes.
Processus
Les grandes lignes directrices
Au début, il faut donner beaucoup de choses gratuitement sans aucune contrainte, ni consigne. L’enfant doit nous identifier comme quelqu’un de sympa car on va jouer avec lui, l’accompagner au moment des gouters et lui donner les collations qu’il aime, lui ouvrir sa bouteille d’eau… sans rien lui demander comme effort en retour.
Lorsque l’on s’engage dans ce processus, on doit rester silencieux ou simplement décrire ce que l’on fait. Les mots prononcés ne doivent jamais être des consignes, ni être perçus par l’enfant comme quelque chose de contraignant.
Ce n’est qu’au moment où l’enfant s’est habitué à nous, lorsqu’il ne va plus s’échapper quand on arrive, lorsqu’il va venir pour regarder le matériel, que très progressivement on va pouvoir introduire de petites consignes maîtrisées par l’enfant. On est exclusivement dans une démarche de maintien car, pour un enfant avec autisme, le « travail » en soi est déjà de nous accepter dans son environnement. Par exemple, lorsque l’on sert un verre d’eau, on va pouvoir lui dire « Tiens, bois » ou encore s’il aime les bulles et qu’il sait souffler, on peut lui demander « souffles » … Il faut que l’enfant associe les demandes qui lui sont faites à des conséquences agréables.
Exemple de procédure
- Identifier une variété de renforçateurs potentiels
En suivant les techniques décrites dans la partie « Les renforçateurs », il faut identifier les jeux, les aliments, les activités, les objets qui sont appréciés ou renforçants pour l’enfant.
- Assainir l’environnement
Autant que possible, il faut essayer d’épurer l’environnement de l’enfant pour qu’il ne puisse pas avoir accès de lui-même des renforçateurs. Si l’enfant peut se servir ou aller chercher ce qui l’intéresse, il n’a aucun intérêt à venir vers nous et de regarder ce qu’on lui propose comme jeux ou comme activités. Il faut créer le besoin et l’envie chez l’enfant. A chaque fois qu’un item aimé apparaît, c’est parce NOUS le rendons disponible ce qui aura pour conséquence de nous rendre plus intéressant.
- Présenter les renforçateurs en les associant avec la présence de l’intervenant
Nous devons nous s’associer aux renforçateurs en les présentant à l’enfant de manière « fun ». On doit s’assurer que ce que nous proposons est plus intéressant que ce que l’enfant a à ce moment-là et qu’avec nous le jeu ou l’activité est plus agréable que s’il était seul. On doit s’amuser, danser, chanter, sourire… et faire l’activité avec l’enfant. Progressivement, on va s’arrêter, s’éloigner, puis revenir afin que l’enfant se rendre compte que c’est moins sympa sans nous.
Dans les activités ou les jeux, il est important de ne pas obliger l’enfant à faire ce qu’il ne veut pas, même si on pense que ça va lui plaire. De même, on ne demande pas à l’enfant d’arrêter ses activités ou encore on ne lui retire pas son jouet des mains. On peut lui proposer mais jamais lui imposer.
- Enseigner la valeur de l’approche
Quand l’enfant sera habitué à notre présence, qu’il prendra plaisir à interagir avec nous et une fois qu’il nous voit comme quelque chose de plaisant, d’agréable, de potentiellement renforçant, on peut maintenant lui enseigner la « valeur de l’approche ».
Notre objectif sera de faire comprendre à l’enfant que venir vers nous peut-être renforçant. Qu’en faisant cela, il obtient quelque chose de positif pour lui. Pour ce faire, lorsqu’on lui propose un jouet on ne va pas le lui donner directement, on va attendre qu’il fasse un petit « effort » (tendre la main). Ensuite, on va un peu s’éloigner et attendre que l’enfant s’approche de nous, fasse un pas, puis un autre… De cette façon, on lui enseigne un comportement social très important pour la suite de la prise en charge.
- Enseigner la valeur du regard
Dans la même lignée que la valeur de l’approche, on peut profiter de cette étape de pairing pour enseigner à l’enfant la valeur du regard. Sans lui donner la consigne « Regardes-moi ! », on va attendre quelque peu avant de lui donner son renforçateur. Il va alors essayer de le prendre et comme on ne va pas le lui donner il va, à un moment, s’interroger et lever les yeux vers nous. A cet instant précis, on le lui donne tout de suite.
Apprendre à l’enfant avec autisme à nous regarder et à regarder ce qu’on lui propose est une des bases à tout enseignement.