N’ayant pas pu être présentes au dernier cours, Bénédicte et moi-même avons repris un énoncé proposé et imaginé ce que nous aurions pu faire.
Situation
Laure est une petite fille fine et intelligente ; elle est âgée de 8 ans, elle est gauchère. Depuis qu’elle est bébé, elle a eu beaucoup de problèmes d’otite. Elle a souvent du mal avec sa gauche et sa droite, elle n’écrit pas assez vite par rapport au groupe-classe. En outre, sa maitresse doit toujours insister pour qu’elle enlève l’écharpe que lui a donnée sa maman. De plus, elle a tendance à écrire en script. Son graphisme ressemble aux traces d’un oiseau affolé. Ses pages sont parsemées de taches et de pochages, elle laisse souvent passer des pages blanches. Quand la maitresse lui fait une remarque, elle ne dit rien. Que pourrait lui proposer l’orthopédagogue ? À partir de l’énoncé ci-avant, (1) procédez à un bilan diagnostique en vue de préparer votre intervention, (2) formulez une hypothèse qui fondera votre intervention et (3) proposez un parcours de psychomotricité (ciblé).
Bilan diagnostique et hypothèses
A partir des éléments repérés, nous pouvons émettre les hypothèses suivantes :
- Fille de 8 ans qui devrait être en 3e primaire -> nous supposons qu’elle est à niveau car aucune information contraire n’est suggérée ;
- Intelligence et développement présumés normaux ;
- Gauchère, problème de lenteur, style « oiseau affolé », écriture en script, manque de propreté et pages blanches -> nous laisse penser à des troubles liés à un manque de fluidité et d’organisation spatiale, une possible hypertonicité, une dysgraphie ou une dyspraxie ;
- Problèmes d’otite -> un possible problème d’équilibre peut-être envisagé ;
- Confond droite et gauche -> nous supposons que comme elle est gauchère sa latéralité est définie mais un problème de latéralité ne peut pas être exclu ;
- Echarpe et mutisme à la remarque -> nous percevons une hypersensibilité et un besoin de réconfort, de renforcements positifs.
Pour réaliser un bilan complet et poser des hypothèses plus concrètes, nous constatons que de nombreuses données de l’anamnèse sont manquantes. Il aurait été intéressant d’avoir des échantillons de ses productions écrites et idéalement de pouvoir la voir écrire.
Suite à la lecture du cours, nous pensons spécialement à une dysgraphie mais d’autres hypothèses peuvent être émises.
Dans l’hypothèse d’écarter une dyspraxie, nous pourrions nous demander si la lenteur est généralisée lorsqu’il y a double tâche, si l’organisation spatiale de son bureau est adéquate, si elle a des problèmes en géométrie et en lecture…
Dans l’hypothèse d’écarter une hypertonicité, nous aurions pu demander aux parents si l’enfant n’a pas de troubles neurologiques (IMC, épilepsie…)
Dans l’hypothèse d’un problème de latéralité, il serait judicieux de savoir si la main gauche de Laure est bien sa main dominante.
Ateliers
Comme Laure semble hypersensible et a besoin de renforcements positifs, nous commencerions par un atelier ludique qui nous permettrait d’établir un lien positif. Nous pourrions voir ce qu’elle aime faire et simplement jouer avec elle. Une relation de confiance s’établirait entre nous et serait une belle base avant d’entamer un travail qui lui demandera des efforts. Elle sera plus encline à nous faire confiance si elle sait que nous sommes avant tout bienveillant avec elle. Ceci nous permettra également de prendre les informations manquantes, de l’observer ainsi que de déterminer ses points forts et ses faiblesses psychomotrices.
Suite à cette prise d’infos, les premiers ateliers que nous lui proposeront doivent lui permettre d’être en réussite, leur difficulté doit donc être quasi nulle. Il est important que l’enfant ne soit pas en échec et tout atelier doit toujours se terminer sur une réussite. Nous avons besoin de la confiance de Laure pour qu’elle ait envie de travailler avec nous !
Exemples d’ateliers
Comme énoncé précédemment, nous pensons que Laure a une dysgraphie mais l’hypothèse d’un problème de latéralité ne peut être écarté. Nous choisissons donc de commencer par vérifier cette deuxième hypothèse. Suite aux résultats, nous pourrons préciser ou non la dysgraphie.
Dans l’hypothèse d’un problème de latéralité :
Pour confirmer ou infirmer notre hypothèse, nous devons vérifier si la main gauche de Laure est bien sa main dominante car, afin d’aborder sereinement l’écriture, il est préférable que l’enfant ait déterminé sa préférence manuelle. Lorsque le choix n’est pas évident entre la main droite et la main gauche, il est observé de la lenteur, des hésitations, des doutes, un tracé peu fluide et irrégulier, des erreurs dans l’orientation spatiale des lettres.
- Dans un premier temps, on peut lui demander de mimer des gestes usuels : « fais semblant de te laver les dents, de te laver le visage avec un gant, de te gratter la joue ». On peut aussi lui demander de lancer un ballon, de frapper avec une main à la réception d’un ballon…
- Dans les jeux d’adresse, la consigne est de lancer l’objet avec chacune des deux mains, et de vérifier avec laquelle elle est le plus habile.
- Pour préparer les consignes de latéralité, un ruban mis à la main droite ou au pied gauche permet d’avoir un repère (« Lancer la balle derrière la corde avec la main droite, celle qui a le ruban, puis avec la main gauche, celle qui n’a pas le ruban »). Plus tard, les consignes sont données sans l’aide du ruban (« Avec ton pied droit», « maintenant avec le pied gauche »).
- Afin que l’enfant acquière la notion d’axe corporel partageant les deux moitiés du corps, il est intéressant de proposer des jeux moteurs à l’aide d’une longue corde à poser sur le sol : marcher, courir, sauter les deux pieds de chaque côté de la corde, sans la toucher.
- Sauter avec le pied droit en restant à droite de la corde, sauter avec le pied gauche en restant à gauche.
- Dans « La planète des statues », tout en la montrant, une position corporelle peut être ainsi verbalisée : « Le bras droit est tendu vers le haut, le bras gauche reste relâché vers le bas, tends ton pied gauche devant ».
- Les activités d’expression corporelle et la danse favorisent le rapport au corps et à l’espace. Dans l’exemple du jeu dansé « Il était une bergère », la répétition des consignes (« se pencher du côté droit, du côté gauche, 3 pas vers la droite, 3 pas vers la gauche ») simultanément à la répétition des mouvements permettent à Laure de mieux intégrer ces notions.
Source : article consulté le 11 janvier 2017