Dans le cadre de ce cours, nous devions lire le livre « Pratique de l’intervention individualisée » de G. Magerotte, M. Deprez et N. Montreuil aux Editions De Boeck ; Louvain-La-Neuve, 2014. Nous devions émettre une réflexion sur cet ouvrage et expliquer comment il allait influencer notre pratique d’orthopédagogue. Nous devions surtout nous attarder sur un chapitre en particulier de notre choix. Le choix fut cornélien tant je trouve cet ouvrage intéressant et pertinent. Il se base sur les apports de la psychologie de l’apprentissage, menés dans le cadre de l’Analyse Appliquée du Comportement (ABA ou Applied Behavior Analysis). Cette analyse du comportement, l’ABA est LA grande découverte que j’ai pu faire pendant ces premiers mois de formation. C’est la découverte de cette « méthode » qui a profilé mon choix de stage (classe 100% ABA au centre les Jacinthes) et aboutira sur un TFE.
Après avoir suivi trois jours de formation à l’ABA fonctionnel avec PECS Pyramid, je retiens la définition suivante de l’ABA :
L’ABA, ce n’est pas quelque chose que nous « faisons » avec nos élèves, c’est une description du mode de fonctionnement du monde. C’est la science de la manière dont le monde affecte la personne, de la façon dont la personne affecte le monde, et de la manière dont la personne, affecte d’autres personnes. Il s’agit aussi de la façon dont le comportement de la personne affecte les « autres » comportements de la personnes. Tout comme la biologie décrit le monde biologique, l’analyse du comportement décrit le monde du comportement. Si nous avons une notion de la manière dont ces relations interagissent, cela peut nous aider à concevoir des environnements qui sont propices à l’apprentissage. Voilà, très partiellement, ce qu’est l’ABA. (Castrogiovanni, 2009)
J’ai choisi finalement d’approfondir le chapitre 2 car il s’agit, pour moi, de LA BASE à connaître avant d’envisager tout apprentissage. J’ai intégré dans cette analyse la théorie apprise lors de ma formation ABA et si j’utilise d’autres sources, elles seront citées explicitement dans la bibliographie.
Mais tout d’abord, commençons par un bref aperçu du chapitre 1 qui ne peut être ignoré.
Je trouve que le proverbe marocain proposé en page 15 résume parfaitement le point de départ à toute intervention.
« Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi »
Pour moi, tout praticien doit prendre cette phrase comme point de départ à ses interventions. Le praticien ne peut agir seul, tous les intervenants doivent être consultés (enseignants, éducateurs, parents…). Les parents ne doivent surtout pas être oubliés ou encore pire exclus de la rédaction du PI, surtout dans la prise en charge d’une personne souffrant de TSA. Ce sont souvent les parents des enfants TED qui connaissent le mieux leur enfant. Ils sont un partenaire à privilégier pour une action commune, afin de prolonger celle-ci à la maison. Ces enfants ont besoin de cohérence, et cette cohérence ne peut avoir lieu sans que tous les intervenants n’élaborent ENSEMBLE le PI. Ce PI qui est le point de départ de toute intervention !
Chapitre 2 : Comment le comportement est appris ?
ou pour moi
A la BASE de tout apprentissage
Tout comportement s’apprend dans un contexte et est influencé par ses conséquences.
Cette phrase seule résume à elle-même ce chapitre. Voici ce qu’il nous faut comprendre (entre autres) pour être des orthopédagogues pleinement conscients du processus d’apprentissage.
Commençons par le début: la plupart des comportements humains sont des activités apprises.
Les enfants « neurotypiques » vont apprendre quasi spontanément les comportements de la vie de tout les jours. Je ne parle pas ici des apprentissages scolaires mais bien des comportements qui vont permettre à l’enfant de pouvoir vivre en étant intégré dans la société.
Les enfants en situation de handicap, particulièrement ayant un TSA, peuvent eux aussi apprendre mais ils auront besoin de conditions d’apprentissage plus structurantes. On va devoir leur enseigner des comportements pour compenser le handicap afin de les rendre autonomes et de leur permettre d’intégrer la société.
La première question à se poser est :
Comment apprenons-nous un comportement ?
Un comportement apparaît dans un contexte, il ne se produit pas dans le vide. Nous emploierons certains types de comportement en fonction de ce que nous souhaitons.
Si nous voulons OBTENIR quelque chose nous allons utiliser la gentillesse, le sourire, faire une demande adéquate… Par contre, si nous avons « mal appris », nous utiliserons les cris, les pleures, la méchanceté…
Si nous souhaitons EVITER/FUIR un ordre, une activité, un cadre, une souffrance nous allons également réagir comme nous l’avions appris. Par exemple, si nous devons aller chez le dentiste, nous allons soit traîner pour prendre rendez-vous, reporter et finalement nous résigner… car nous savons que la visite est obligatoire. Mais nous aurions pu pleurer, nous mettre en colère dans l’espoir d’éviter cette rencontre.
Si nous souhaitons PROVOQUER quelque chose. Par exemple lorsque nous attendons l’ascenseur. Nous avons déjà appuyé sur le bouton qui est devenu lumineux mais rien ne semble se passer. Certains vont sagement attendre alors que d’autres vont appuyer une nouvelle fois, voir plusieurs fois dans l’espoir de provoquer une réaction. Dans le cadre d’enfant TED, l‘autostimulation lui provoque/procure du plaisir.
En conséquence, ce que nous enseigne ceci est qu’
il faut toujours placer le comportement d’une personne dans son contexte pour bien le comprendre.
Il est donc important de voir les conditions d’apparitions du comportement qui sont les ANTECEDENTS, le COMPORTEMENT lui-même et les CONSEQUENCES de ce comportement.
Ceci est ABC de l’ABA !
La prise en compte des évènements qui précèdent et qui suivent le comportement sont nécessaires à la compréhension globale du comportement. En tant qu’orthopédagogue, nous ne pouvons ignorer cela.
Alors, comment cela fonctionne-t’il ? Commençons par le AB C !
Le comportement est influencé par ses conséquences
Lorsque le comportement est suivi d’une conséquence agréable, il risque de se reproduire plus souvent à l’avenir. A contrario, lorsque le comportement est suivi d’une conséquence désagréable, il risque de se reproduire de moins en moins souvent et même de disparaître.
Par exemple, prenons un comportement problématique et voyons en quoi la conséquence de ce comportement peut induire l’enfant à le reproduire.
Nous sommes au supermarché et Théo souhaite avoir des bonbons. Sa maman refuse et il se met à pleurer très fort. Pour ne pas se faire remarquer, la maman fini par donner le paquet de bonbons à Théo (pour qu’il arrête de pleurer). Elle effectue malgré elle, un renforcement de ce comportement. En effet si un autre jour Théo recommence (pleure et obtient ce qu’il demande), il finira par apprendre qu’en pleurant on obtient ce qu’on souhaite.
En tant qu’orthopédagogue, il est important de connaître la fonction des comportements. Pour cela, nous devons procéder à une analyse fonctionnelle du comportement. Il s’agit d’identifier dans quel contexte le comportement apparaît et par quels facteurs il est maintenu. J’ai trouvé sur ce site, une grille d’analyse qui permet d’analyser les comportements. Pour voir cette grille, cliquez-ici !
Ce qui se passe après le comportement est important parce que les conséquences d’un comportement influencent ce comportement (soit elles augmentent, soit elles diminuent la probabilité ultérieure d’apparition de ce comportement, selon qu’elles sont agréables ou désagréables pour la personne concernée)
De cette constatation, nous avons 3 possibilités d’intervention :
- soit augmenter la fréquence d’un comportement déjà présent chez la personne (lorsqu’il s’agit d’un comportement adapté) ;
- soit diminuer la fréquence d’apparition ou l’intensité d’un comportement (lorsqu’il s’agit d’un comportement non adapté) ;
- soit enseigner un nouveau comportement (lorsqu’il s’agit d’un comportement non appris).
Le comportement est influencé par ses antécédents
Dans ce paragraphe, je m’attarde sur le ABC.
Préciser les ANTECEDENTS du comportement (ce qui se passe AVANT) aide d’une part à déterminer si un comportement est approprié au contexte présent ou s’il doit être changé ; aide d’autre part à choisir les meilleures conditions pour apprendre un nouveau comportement.
Un exemple où le comportement est considéré comme adapté au contexte (lieu) :
- Dans sa chambre (A
BC) ; - Jacques se déshabille seul (
ABC) ; - sa maman le félicite (
ABC).
Voici un autre exemple où le comportement n’est pas considéré comme adapté au contexte (lieu) :
- Dans le salon, le jardin, en classe (A
BC) ; - Jacques se déshabille seul (
ABC) ; - sa maman/le professeur le gronde (
ABC).
En tant qu’orthopédagogue, il sera donc important de préciser si les comportements sont appropriés au contexte. Comme dans l’exemple où Jacques se déshabille dans le salon, dans le jardin, à l’école…le contexte LIEU est donc inapproprié. Il s’agira alors d’enseigner à l’enfant que certains comportements doivent être réalisés que dans certains endroits. Il est donc tout aussi important de prendre conscience que les apprentissages doivent avoir du sens et que les comportements doivent être directement enseignés dans le lieu approprié. Ici, nous privilégierions le fait d’apprendre à Jacques à se déshabiller directement dans sa chambre ou dans la salle de bain et non pas pas dans la salle de classe (pour éviter qu’il ne généralise le fait que l’on peut se déshabiller en classe).
En terme de conclusion
Comme orthopédagogue, ce qu’il faut retenir de ce chapitre travaillé est qu’il est important de bien observer le milieu dans lequel le comportement se produit AVANT d’intervenir.
Avant de poser une hypothèse fonctionnelle (développé dans les chapitres 4 et 6), qui permettra l’apprentissage d’un nouveau comportement ou la disparition (ou la diminution) d’un comportement inadapté, il faudra expliciter :
- le comportement choisi par l’enfant ;
- mais également les antécédents et les conséquences qui influencent l’apparition du comportement, en étant attentif aux éléments du contexte pouvant influencer les conséquences.
Bibliographie
A. BONDY, Approche pyramidale de l’éducation (ABA fonctionnel), Pyramid France
G. MAGEROTTE, M. DEPREZ, N. MONTREUIL, Pratique de l’intervention individualisée, De Boeck, 2014, Louvain-La-Neuve
https://xray-delta.com/2011/06/ (consulté le 23/12/16)